Type de jardin
Le jardin japonais : caractéristiques et composition
Publié le 29 août 2019
Le principe fondamental du jardin japonais est très simple : il se veut l’expression de la nature elle-même. Car au Japon, selon l’héritage taoïste, la nature est sacrée. Elle est aussi un exemple d’équilibre et d’harmonie. Le jardin japonais cherche donc à se rapprocher de cet équilibre en offrant une version miniature de l’environnement naturel.
Vous souhaitez aménager un jardin japonais ? Ou vous êtes simplement curieux ? Voici quelques caractéristiques centrales de ce savoir-faire ancestral et les principaux éléments de sa composition.
Qu’est-ce que le jardin japonais ?
Le jardin japonais cherche à reproduire la nature et à la sublimer. On va donc tendre à imiter les éléments de celle-ci : mers, rivières, lacs, forêts et montagnes. Le jardin japonais va aussi se fondre dans son environnement en cherchant à cadrer à la maison, aux routes, architectures et paysages alentours.
Dans les croyances traditionnelles du Japon, le chaos naturel cache en fait une harmonie fondamentale. A l’inverse, les lignes droites, les angles et les nombres pairs sont propices aux mauvais esprits. C’est pourquoi contrairement aux jardins à la française, la beauté du jardin japonais est d’abord dans la dissymétrie.
Dans cette conception imbriquée du chaos et de l’harmonie, les maîtres-mots du jardin japonais sont simples : la sobriété, le calme, la souplesse et l’équilibre. L’espace est alors façonné avec finesse pour appeler la présence et la détente de ses contemplateurs. Dans cette approche, le style nippon traditionnel va prioriser trois éléments : la miniaturisation de la nature, la capture du paysage environnant et les symboles spirituels.
Dans le jardin japonais, la composition des roches, des arbres et des points d’eau se veut donc fidèle à la nature et à son caractère sacré. Au Japon, les symboles renvoient aux croyances bouddhistes et taoïstes. Mais chacun peut bien sûr y voir ce qu’il veut.
Au niveau technique, la conception du jardin japonais se base sur deux objectifs fondamentaux : la dissymétrie et la dissimulation. Explications.
La dissymétrie
Pour composer un jardin japonais, il faut d’abord l’organiser pour la contemplation. Et c’est le rôle de la dissymétrie. Le paysagiste travaille ainsi la perspective pour diriger le regard là où il le souhaite. Plutôt que des points de fuite, chers aux jardins français, le jardin japonais se compose par l’équilibre de ses « plans ». On va ainsi jouer avec trois ou quatre niveaux de regards qui vont se répondre mutuellement. Avec les éléments de composition (roches, arbres, etc.), on va aussi travailler les formes et les tailles, les pleins et les vides. On va également prioriser les chiffres impairs, absolument fondamentaux dans la tradition japonaise. Au final, il s’agit de donner une sensation d’équilibre, d’espace et d’ouverture, propices à l’apaisement et à la sérénité.
La dissimulation
L’autre grande technique du jardin japonais est la dissimulation. En jouant avec les plans de la composition, il s’agit de cacher certains éléments pour laisser des surprises au contemplateur. L’idée est aussi de donner à votre jardin différents caractères en fonction des points de vue d’observation. L’intérêt central de la dissimulation ? Elle donne l’impression que le jardin est ouvert, sans clôtures. Traditionnellement, les jardins japonais offraient ainsi l’illusion d’un parcours à emprunter pour se rendre jusqu’aux montagnes visibles à l’horizon. Dans un jardin bien conçu, il semble que l’on peut aller n’importe où en empruntant les sentiers. Pour produire un tel effet, il faut dissimuler habilement au regard les structures clôturant le jardin. On peut notamment utiliser des plantes au feuillage persistant et des haies de bambou, aux lignes stratégiquement dessinées.
Jardin japonais de Toulouse
Les éléments de composition du jardin japonais : rochers, végétaux, eau, sables, gravier, ornements…
Le jardin japonais se veut sobre et savamment organisé, malgré sa dissymétrie apparente. Pour le concevoir, on évitera ainsi les lignes droites et les démarcations trop évidentes. Et on privilégiera l’orientation des regards et des balades par la diversité des éléments qui le composent : rochers, végétaux, eau, sable, gravier, ornements….
Pour autant il ne s’agit pas de surcharger la vue du jardin mais de mettre en valeur les éléments choisis. Car l’ensemble doit être cohérent et équilibré, comme une photographie bien composée.
On se concentra donc d’abord sur un thème central et dominant : la pierre, l’eau, le bois, un symbole qui peut s’incarner dans une statue, etc. A partir de celui-ci, c’est à vous, avec votre paysagiste, d’imaginer le jardin de vos rêves ! Pour réaliser ce dernier, voici déjà quelques éléments de base à considérer.
Les rochers
Les rochers jouent un rôle central dans la tradition japonaise. Souvent par trois, parfois par cinq ou sept, ils incarnent dans la tradition animiste les esprits divins. Dans l’héritage plus récent, elles abritent pour certains japonais l’esprit de Bouddha.
Du fait de cette importance symbolique, les rochers sont essentiels dans le travail esthétique du jardin japonais. Leurs amas vont généralement faire office de transition entre différentes zones. Des rochers pourront par exemple distinguer une partie végétale et un bassin. Ou elles signaleront la séparation entre la terrasse de la maison et un sentier aménagé. Etc.
Comme pour le reste du jardin, les roches doivent sembler apparaître dans leur environnement naturel. Le paysagiste choisira donc les pierres avec précision. Puis il organisera leur regroupement et leur disposition pour leur donner leur authenticité. Il mariera alors habilement des pierres lisses et arrondies, bruts et asymétriques et différentes tailles et couleurs. Il les disposera ensuite les unes sur les autres ou légèrement séparées, à l’horizontal ou la vertical, etc.
L’eau
L’eau est également essentielle dans le jardin japonais. Elle symbolise à la fois la douceur, la force et l’harmonie de la nature. Symbole de vie, elle est aussi purifiante et régénérante. Dans votre jardin, elle peut se manifester sous la forme d’un ruisseau étroit et tortueux, d’une mare centrale couverte de pierres, d’un lac parsemé de nénuphars, ou d’une chute bien placée.
Par ailleurs, les points d’eau s’accompagnent régulièrement d’îlots, de ponts et de pierres de gué qui permettent de rejoindre les rives. Ils peuvent aussi abriter des carpes koï, rouges et oranges, symboles forts de la culture japonaise. Pour des projets moins imposants, vous pouvez enfin intégrer une fontaine à bascule. Souvent en bambou, son eau pourra par exemple venir inonder le sol avec d’être recyclée. Voyez aussi du côté des tsukabai et shishi odoshi, autres types de fontaines décrites plus loin (« Accessoires et ornements »).
Les végétaux
Les végétaux constituent le troisième élément fondamental du jardin japonais. Et ils suivent la même logique que les autres : l’organisation des plans et l’équilibre de la composition. Les végétaux ont cependant une particularité : ils évoluent continuellement ! C’est ce qui fait leur intérêt, mais c’est aussi ce qui pose les plus gros défis paysagers. Car non seulement les végétaux changent de couleur au fil des saisons, mais ils poussent, font des racines, se déforment, etc. Ils doivent donc être soigneusement choisis et leurs formes doivent être accompagnées pour organiser la cohérence de l’ensemble.
Evidemment, la coupe et la taille sont essentielles pour donner aux plantes les formes recherchées. On doit aussi songer au choix des espèces, aux saisons de floraisons, aux compositions, etc. Le travail délicat du paysagiste sur ce point est appelé au Japon l’art du niwaki. Car entre l’organisation des différents plans, les compositions saisonnières et la gestion de la coupe, la palette des possibilités est importante et le savoir-faire est primordial. D’autant que les espèces végétales possibles pour le jardin japonais sont très nombreuses : camélias, chênes, cerisiers japonais, pins, érables, saules, cyprès du Japon, bambous, hêtre, amandier, sophora, azalée, gingko. Mais aussi bruyère, rhododendron, andromède ou osmanthe, fusain, Nandina domestica, magnolia…
Outre les plantes et les arbustes, le jardin japonais privilégiera la mousse à la pelouse. Pour les amateurs les plus motivés, on pourra aussi l’orner d’un ou de plusieurs bonzaïs, cet art traditionnel si remarquable.
Chemins, sable et graviers
Les chemins, le sable et les graviers sont courants dans les jardins japonais. Les sentiers sont généralement en terre battue et recouverts de graviers ou de pierres plates. Ils permettent évidemment de se balader dans le jardin mais ils participent aussi à son équilibre esthétique. Les « pas japonais », bien connus, devaient traditionnellement permettre de rejoindre le pavillon du thé sans salir les kimonos des invités ! Aujourd’hui, ces pierres disposées sur le sol donnent toujours du caractère aux jardins japonais. Et la touche esthétique qu’ils constituent est plutôt agréable au regard.
Les petits sentiers étroits, nommés shiki-ishi, sont une autre tradition japonaise. Ils appellent l’imagination des observateurs et donnent aux balades un côté mystérieux. Les shiki-ishi sont entourés de plantes basses, de buissons et de bambous nains. Ils orientent les visiteurs vers les espaces cachés du jardin, stimulant leur curiosité.
Enfin, une zone constituée de petites pierres ou des graviers peut former un jardin zen, particulièrement cher aux bouddhistes. Ces espaces où l’on ne marche pas, sauf pour les entretenir, sont reposants pour les yeux et propices à la méditation. On y dessine traditionnellement des lignes, des vagues et des motifs avec un râteau. Cette pratique est en elle-même méditative. Et les dessins contrasteront sobrement avec les pierres et la végétation alentour.
Accessoires et ornements
Les accessoires et ornements peuvent compléter l’ensemble. Bien choisies, les lanternes, statues et petites fontaines donneront sa touche finale à votre jardin japonais. Il s’agit cependant d’être parcimonieux et de placer ces objets avec finesse.
Vous pouvez opter pour des lanternes toro qui éclaireront subtilement les sentiers de leur lumière tamisée. En soirée, elles mettront en valeur les points clefs de votre jardin et jetteront le mystère sur les cimes des arbres et les zones ombragées.
Pour les petites fontaines, on peut choisir un tsukabai, dont le rôle traditionnel est la purification avant la cérémonie du thé. Outre sa fonction esthétique et symbolique, le tsukabai permet de boire ou de se laver les mains. Le shishi odoshi est quant à lui une fontaine en bambou avec un système de balancier. Elle se remplit d’eau, puis bascule régulièrement et se vide en claquant une pierre dans un bruit sec. L a régularité de ce son est propice à la méditation.
Pour les adeptes du genre, on peut enfin opter pour des statuettes japonaises de dieux anciens ou de bouddhas. Il faut cependant rester sobre pour conserver l’équilibre esthétique du jardin.
Vous souhaitez concevoir et aménager un jardin japonais chez vous ? Demandez conseil à votre paysagiste !
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