Nuisibles
Comment lutter contre les invasions de pucerons ?
Publié le 15 juillet 2021
Chouette, l’été est là ! Malheureusement pour de nombreux jardiniers, il n’est pas arrivé seul… C’est à cette époque qu’il faut surveiller attentivement votre potager, vos fleurs et arbres fruitiers. Vos plantations peinent à grandir ? Leurs feuilles s’enroulent sur elles-mêmes et sont couvertes d’une sorte de poudre noire ? Pas de doute, une colonie d’aphidinas a élu domicile chez vous. Plus communément appelés « pucerons », ces insectes ravageurs d’à peine 4 mm sont un véritable fléau pour les jardins et potagers.
Les attaques peuvent pourtant être évitées en faisant un peu de prévention. Mais si cela ne suffit pas, il faudra alors, selon la gravité de l’invasion, tenter de maîtriser la prolifération en attendant l’arrivée de leurs prédateurs naturels ou, en dernier recours, les éradiquer.
Reconnaître une attaque de pucerons et les identifier
Du début du printemps jusqu’à l’automne, les colonies de pucerons piquent feuilles, branches et tiges des fleurs et arbustes. En suçant la sève de leurs hôtes, elles affaiblissent les plantes attaquées et ralentissent leur croissance. Les pucerons y déposent aussi leurs déjections sucrées (le miellat) sur lesquelles se développent des champignons. C’est ce qui occasionne la fumagine, cette moisissure noire semblable à de la suie, qui finit par asphyxier la plante. Et ce n’est qu’une des maladies que peuvent véhiculer ces charmantes petites bêtes, qui ne sont décidément pas les invitées rêvées…
Les pucerons se déclinent en plusieurs familles, reconnaissables à leur couleur, qui s’attaquent chacune à un type de plante. Les pucerons noirs prolifèreront sur les pommes de terre, carottes ou haricots verts, mais aussi sur certains arbres comme le cerisier ou merisier. Les jaunes préfèreront les concombres, agrumes et arbustes à fruits rouges. Les pucerons verts adorent les fleurs en boutons et les jeunes pousses. On les retrouve donc principalement sur les rosiers et autres plantes ornementales. Les rouges, enfin, s’attaquent aux tomates et oignons. Des solutions existent pour vous aider à les identifier et savoir comment les maîtriser (voir encart ci-dessous).
Empêcher l’installation de pucerons dans son jardin
« No pasarán ! » Pour éviter que les pucerons ne s’installent chez vous, le mieux est de leur barrer la route. Sachez qu’ils détestent certaines fleurs ou plantes. Alors, implantez un gazon fleuri avec un mélange anti-pucerons dans vos jardins, autour de vos potagers ou à proximité de votre maison. Composé généralement d’une dizaine de fleurs annuelles et vivaces (anis, lavande, soucis, coriandre, œillets d’Inde, etc.), ce mélange peut être semé d’avril à novembre autour de vos plantations. A contrario, vous pouvez aussi attirer les pucerons ailleurs, en plantant des capucines (dont ils raffolent) à l’autre bout de votre potager.
Veillez aussi à éloigner les fourmis de votre jardin. Particulièrement friandes de miellat, les fourmis peuvent littéralement « élever » des troupeaux entiers de pucerons, en échange de leur protection contre leurs prédateurs naturels comme les coccinelles. Pour repousser ces gardiennes un peu trop zélées, reportez-vous à notre article « comment se débarrasser des fourmis ».
Réduire manuellement le nombre de pucerons
Les pucerons sont malgré tout arrivés chez vous ? Ne paniquez pas tout de suite ! Vos plantes peuvent faire face jusqu’à l’arrivée des prédateurs des pucerons. Du moins, tant que les populations sont faibles. Aidez vos plantations en les débarrassant mécaniquement des premiers envahisseurs. Pour ce faire, un simple coup de jet d’eau peut suffire à disperser les colonies et les empêcher de s’installer durablement. Veillez juste à ne pas abîmer les fleurs lors de l’aspersion. Sinon, nettoyez une à une, avec un chiffon humide, les feuilles infestées pour en enlever pucerons et fumagine.
Les infusions d’ortie ont également un fort pouvoir répulsif et peuvent permettre de contenir la prolifération.
Si la colonie devient importante sur une seule plante ou une branche d’un arbre, il est aussi possible de l’arracher ou la couper pour épargner la contagion aux plantes/branches voisines. Faites toutefois attention à ne pas tailler trop sévèrement, sous peine d’affaiblir la plante davantage que ne le feraient les pucerons…
Tapis rouge pour les auxiliaires anti-pucerons
Coccinelles, perce-oreilles, syrphes et chrysopes sont les principaux prédateurs et LA meilleure façon de venir à bout des pucerons. Une larve de coccinelle peut engloutir jusqu’à 800 pucerons par jour ! Il faut donc tout faire pour les attirer chez vous. Vous laisserez ainsi quelques pâquerettes et pissenlits proches de vos plantations, pour que les coccinelles puissent en déguster le pollen (en plus de vos pucerons). Vous pourrez aussi fabriquer des abris pour elles ou pour les perce-oreilles. Pots en terre cuite retournés avec de la paille dedans et/ou petits tas de branches et feuilles mortes, disséminés à proximité de vos plantes, serviront de refuge pour vos nouveaux amis et les encourageront à rester tout au long de l’année chez vous.
Si l’invasion de pucerons est trop importante ou que vos populations d’auxiliaire sont insuffisantes, il vous est possible d’acheter des larves de coccinelles ou de chrysopes en jardinerie. Assurez-vous de ne surtout pas acheter d’espèces exotiques, qui peuvent causer des ravages dans les rangs de nos auxiliaires locaux ! Vous pouvez aussi vous procurer des auxiliaires parasitoïdes. À la différence des prédateurs, qui les dévorent, les parasitoïdes pondent leurs œufs dans les pucerons. Il est préférable, dans ce cas, de bien identifier le type de puceron pour connaître le parasitoïde qui lui correspond.
L’appli maligne : votre smartphone au service du biocontrôle
Vous avez des pucerons ou autres ravageurs dans votre jardin, mais vous ne savez pas les identifier ? Vous cherchez le moyen de lutte biologique le plus efficace pour préserver en douceur vos plantations ? L’institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’alimentation et l’Environnement (INRAE) s’est associé à Koppert Biological Systems pour développer l’application Biocontrol. Grâce à des outils visuels et une base de données photographiques inédite, elle vous permet d’identifier un ravageur directement ou à partir de ses dégâts et de reconnaître un auxiliaire. Elle vous guidera également dans le choix des options de biocontrôle les plus pertinentes (insectes, acariens et microorganismes utiles).
Disponible sur IPhone ou Android, Biocontrol propose aussi des fiches informatives utilisables aussi bien par les amateurs que les professionnels.
Sévir contre les pucerons
Vous avez mis en application tout ce qui a été dit avant, mais sans succès ? C’est le moment de sortir les grands moyens et de sévir ! La méthode doit être graduée en fonction de l’ampleur de l’invasion.
Le moyen le plus doux est le saupoudrage des pucerons avec de la cendre de bois, à renouveler régulièrement et après chaque pluie. Pour des arbustes, la cendre peut être légèrement diluée avec de l’eau, pour atteindre la consistance d’une pâte à crêpes qui sera badigeonnée sur les troncs et branches attaqués.
Plus radicale, la pulvérisation de savon noir dilué dans de l’eau est à utiliser avec précaution. Le mélange (75 ml de savon noir liquide pour 1 l. d’eau) asphyxie les pucerons, mais aussi tout insecte présent à leurs côtés ! Utilisable en agriculture bio, le pyrèthre doit également être manié avec prudence. Tout comme ses homologues de synthèse, c’est un insecticide de contact non sélectif qui tapisse les parties exposées de la plante et tue les insectes qui le touchent. Pour éradiquer les ravageurs qui se cachent dans les feuilles enroulées, il existe enfin des insecticides dit « systémiques » qui pénètrent dans la sève la plante et empoisonne les pucerons qui la sucent.
Ces solutions sont à utiliser en dernier recours. Et comme pour tout traitement, il est conseillé de pulvériser « à la fraîche », tôt le matin ou tard le soir. Veillez également à rincer abondamment vos arrosoirs et pulvérisateurs pour éviter tout mélange hasardeux de produits.